Le paradoxe n’est-il pas de choisir pour titre à son ouvrage « La Malavie », alors que la vie vous a tant donné, tant gâté…? Accréditer cependant l’illusion d’une existence le plus pleinement et atypiquement vécue, tout en omettant le questionnement philosophique et existentiel, le doute spirituel, ou l’insatiable appétence relationnelle, culturelle, esthétique, ou encore l’éclectique curiosité qui l’accompagnaient en permanence, serait à la fois trop euphorique, trop réducteur et bien peu sincère. L’auteur tente donc au moyen de ce recueil de nous convaincre que le bonheur et le plein accomplissement de vie ne s’acquièrent qu’à l’aune d’un mal de vivre aussi résolument et singulièrement combattu, qu’inconsciemment entretenu.

« Écriveur », rédacteur prolifique, plus coutumier sous une autre identité d’une littérature longtemps destinée à des lecteurs institutionnels plutôt qu’au grand public, carrières militaire et diplomatique obligent, devenu forumeur et chroniqueur dans ces nouveaux comptoirs, cafés « d’e-commerce », que sont désormais les réseaux sociaux, Yves Dôlà se définit avant tout comme un regardeur et un écouteur sans frontières, un tourneur de pages restant à écrire, un admirateur de chefs-d’œuvre encore sur le chevalet… Il nous prive certainement de beaucoup de ses inspirations dans ce qui constitue un condensé bien trop restreint de ses écrits. La sélection datée à laquelle il s’est livré dans ce recueil nous permet néanmoins d’accéder quelque peu au substrat de ses pensées, de ses fulgurances, de ses révoltes, ou encore de ses sublimations, voire de ce qu’il appelle ses « égarements raisonnés ».